Chaque semaine voit débarquer sur Twitter son petit florilège de comptes « à suivre ». Les billets de ce type sont même estampillés "les meilleurs comptes" de ceci ou de cela. Oui oui, rien que ça. Le plus souvent ces classements sont relayés par lesdits 10 comptes à suivre (difficile à lire n'est-ce-pas ?) ainsi que par leur cour . On n'y échappe donc rarement.
Je n’aime pas les classements de comptes Twitter.
D’abord, parce que je n’en fais jamais partie. Mon ego souffre. J’ai mal à mon pseudo. Mon petit cœur de tweepie saigne de ne pas en être. Ces classements me rappellent les heures les plus sombres des balles au prisonnier, quand je n’étais choisie par aucune équipe parce que j’étais la nerd de la classe... Je suis sûre que vous voyez de quoi je parle...*
Ensuite parce que je ne suis jamais d’accord avec les conseils qu’on me donne. Déjà, je n’aime pas trop bien qu’on me donne des ordres. Et surtout, on ne sait jamais sur quels critères sont établis ces classements et ces sélections. Et s’il n’y a pas de critère objectif et mesurable par tous, c'est bien que ces classements sont subjectifs. Et en matière de subjectivité, j’ai plus confiance dans la mienne que dans la vôtre.
Enfin, et surtout, je ne comprends pas bien ce que les auteurs de ces classements poursuivent comme objectif. Le message que semblent envoyer ces tops 10, 20, 30, 100 est tout sauf fédérateur. Ce que disent ces classements c’est : « Regardez comme on est bien entre nous. Regardez notre joli petit microcosme qui s’auto-congratule encore et encore. Regardez comme ces comptes savent bien y faire (et pas vous) ».
C’est un message qui tue le newbie** dans l’œuf. Or mis à part quelques twittos complètement dépourvus d’orgueuil et/ou d’ambition, on veut tous des newbies, encore et encore. Des contacts pour nos carnets d’adresses professionnels. Des prescripteurs et des clients pour nos marques et nos entreprises. Des gens qui rient à nos blagues, qui lisent nos articles, qui viennent à nos apéros.
Que certains early adopters de Twitter se complaisent dans une telle intention, je le conçois. Qu’ils cherchent à rester dans un petit Twitter sélectif et qui continue à fonctionner avec ses propres codes bien à lui, je le comprends. Que certains comptes personnels, et notamment anonymes, jouent de l’arrogance comme ligne éditoriale principale, je le comprends également et même, ça m'amuse. Chacun fait ce qui lui plait avec son compte, c’est bien la règle du jeu et c'est là tout le charme de Twitter, mon amour.
Mais pour tous les comptes professionnels, je m’interroge vraiment sur le besoin de cloisonner comme ça les « bons twittos » du reste du monde. Les marques, les entreprises, les agences, les community managers, les gens qui cherchent du boulot, ceux qui cherchent à embaucher… veulent-ils tous être suivis par le plus grand nombre ou bien rester entre eux à l'infini ? L’arrogance de ces classements n’est-elle pas contre-productive ?
Sur le fond, soyons honnête, je lis aussi ces articles et parfois même j'y découvre des comptes que je me plais à suivre. Sur la forme je préférerais juste un peu plus d'humilité et d'objectivité dans les sélections. Je voudrais lire des "humbles recommandations de comptes" sur tel ou tel sujet spécifique, et non les "25 meilleurs comptes, point barre". Je voudrais surtout découvrir des petits comptes, par le biais de listes thématiques et argumentées par exemple, et pas les sempiternels même twittos, toujours et encore.
Votre humble servante, Emmanuelle Audebert - @LaTweepie
*Ceci est un exemple fictif complètement choisi au hasard, bien évidemment. En réalité, je suis ceinture noire en balle au prisonnier.
**Débutant. Individu à avatar d’œuf qui ne sait rien à rien, ne comprend rien à rien, et qu’il faut impérativement guider dans l’univers impitoyable des réseaux sociaux.
Et sinon bien évidemment, retrouvez la semaine prochaine le classement @Idewan des meilleurs comptes Twitter ! 😉