Le fonctionnement des réseaux sociaux n’est finalement que celui de l’intelligence collective. Faisons le point, et vous verrez que toutes les caractéristiques de l’intelligence collective sont également celles des réseaux sociaux.
Un ensemble de plusieurs individus, quels qu’ils soient, fait globalement preuve d’une plus grande performance qu’un individu isolé, même expert en son domaine. Aucune magie là-dedans, l’intelligence collective est juste une question de statistique. Et le plus beau dans l’histoire, c’est que la performance individuelle de chaque individu qui participe du processus est meilleure que s’il était resté seul.
Pierre Lévy propose la définition suivante de l’intelligence collective : « C’est une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences »*. Ce qui signifie que :
1. Personne ne sait tout ;
2. La richesse centrale est l’humain lui-même, car sa place et sa contribution sont uniques ;
3. Que les échanges ont lieu en temps réel, et nécessitent donc une adaptation continue. C’est le principe de l’organisation apprenante, dans laquelle chaque individu est tour à tour apprenant et formateur.
- L’intelligence collective repose sur la liberté d’appartenance à un processus. Parce qu’ils y trouvent un bénéfice à collaborer, les individus s’engagent volontairement, librement et de façon autonome, dans une forme de communauté délimitée dans le temps et l’espace. De ce fait, la structure élaborée est parfaitement horizontale, sans aucune hiérarchie.
- L’intelligence collective fonctionne grâce aux interactions constantes et grâce à la diversité : diversité des connaissances, des compétences, des points de vue, des interprétations, des modes de raisonnement, etc. Par conséquent, c’est le système lui-même qui crée le sens.
- L’intelligence collective est régie par un ensemble de règles simples, tacites ou explicites. Ces règles sont d’ailleurs le plus souvent issues de l’autorégulation de la communauté elle-même. Le partage d’expérience et de pratiques fait donc nécessairement émerger une conscience commune.
- Ne pas toujours oser dire ce qu’on pense ;
- Accepter passivement certaines informations ou états de fait ;
- Valoriser systématiquement l’opinion d’un groupe au détriment de l’avis des experts, autrement dit subir la tyrannie de la majorité**.
Et maintenant, relisez donc les lignes ci-dessus en remplaçant l’expression « intelligence collective » par « réseaux sociaux » 😉
Emmanuelle Audebert - @LaTweepie
Références :
* Pierre LEVY, L'intelligence collective : pour une anthropologie du cyberspace, 1994.
** A. DE TOQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, 1835 et 1840.